Invites

Bergerie

La parole d’autrui, les paroles autres, sont d’une eau rafraîchissante, d’un oxygène léger et d’une substance étayante : sans elles, pas de vie.

  • 2023.05.09. Bergerie. Baccou, chemin de culture, de langue et de pédagogie
    Patrici Baccou est pédagogue, photographe, vigneron, et avant tout un grand ami. Je lui demande tout simplement de me parler de tout cela, de montrer comment l’on peut cheminer sur plusieurs chemins à la fois.
    L’un des fondateurs des Calandretas, les écoles bilingues immersives occitanes, il fait partie de la direction coopérative d’Aprene, leur centre de formation, avec les autres paissels ajudaires. Il est né quelque part, dans une Occitanie qui n’est ni un gros drapeau ni une localisation géographico-administrative, mais un arrière-pays nulle part mieux présent qu’à la Bergerie, la propriété de sa famille, pleine de garrigue, de vignes, d’oliviers, de ruches, d’arbres et d’humanité. Il conjugue la pédagogie institutionnelle à travers ses différentes langues, il partage ses passions — de la musique à la photographie, à la littérature et aux sciences naturelles — par l’éthique de la coopérative, autant viticole que pédagogique.
    J’ai pu écrire : « L’arrière-pays des Baccou porte singulièrement la douceur. Leur univers distille cette qualité comme la lumière d’ambre du grenache qu’ils cultivent pour leur consommation domestique. L’ouverture de la famille, par-delà les filiations et au-delà des langues et des cultures, crée une domesticité à la senteur occitane, une aire offrant en partage aux autres, d’où qu’ils viennent, son air familier. Une éthique rayonne de ces gens chez qui le sang ne clôt rien. (…) Patrici et moi partageons le bonheur de ne pas avoir eu besoin de nous chercher des pères de substitution. Les nôtres ont suffi un tranquille taux d’identité. Pas de besoin de les tuer magiquement en nous enfuyant loin d’eux ; encore moins celui de tourner en rond dans leur cercle ; tout aussi peu le constat de ne rien leur devoir d’autre que la vie, ou de n’avoir jamais eu au fond grand-chose à leur dire. Seul et libre, le désir d’hériter de leur geste, d’en faire un viatique efficace pour notre propre cheminement sans mode d’emploi écrit d’avance. » (Bergerie)
    Dans la quotidienneté et la longueur d’une vie, beaucoup de senteurs venues d’ailleurs, repartant vers l’ailleurs. Le sens n’est pas dans ce qui est fixé, il réside dans le passage.

  • 2022.09.01. Léonard. Sociolinguistique et théorie de la complexité.
    Voici un entretien que j’ai proposé à mon ami Jean-Léo Léonard, que je considère comme l’un des plus grands linguistes actuels, en tout cas à ma connaissance. Cet entretien sera publié dans le numéro 2022 de L’Année de la recherche en sciences de l’éducation (à paraître, à l’heure de cette publication en ligne). Il nous y parle de son trajet de chercheur, des langues finnoises à son retour au poitevin de son enfance à Noirmoutier, jusqu’à l’occitan, aire géographique dans laquelle, d’ailleurs, il est de plain-pied, puisqu’il enseigne à l'université Paul-Valéry de Montpellier, au laboratoire Dipralang. Il nous parle également de la construction éprouvée de sa méthode, c’est-à-dire de son cheminement entre études ethnolinguistiques « microsociales », et exigence de modélisation théorique, qui l’ont mené à une très haute conscience de la complexité des langues, au point de fonder son entreprise de typologie linguistique et d’enquête ethnolinguistique sur la mise en œuvre de la théorie mathématique de la complexité. Tâche rare, dans son nouage d’une prise en compte tout humaine des êtres et de leurs problématiques politiques, culturelles et personnelles, et un regard théorique et modélisateur tout aussi exigent sur ces êtres d’une échelle et d’une nature spécifiques : les langues, ces systèmes complexes…
    Pour rappel, deux de ses collègues, Bien Dobui et Karla Áviles, sont déjà intervenues dans la séance du 3 novembre 2021 de la Coopérative d’écriture (2021.03.11. Coopérative d'écriture. Aviles, Dobui. Praxis linguiste, sociolinguistique, anthropologie, politique).
    Par ailleurs, Jean-Léo et Karla signent un article dans le numéro de L’Année de la recherche en sciences de l’éducation de 2021 autour de leurs travaux avec les communautés parlant le mazatèque, l’une des langues méso-américaines, et de l’éthique et de la politique engagées de leur pratique de recherche, laquelle n’en est pas moins « scientifique » pour autant…

  • 2022.06.04. Torrico Carvajal & al. Encuentro sobre la reforma educativa boliviana, partie 1partie 2, partie 3partie 4partie 5. Avec Windsor Torrico Carvajal et Narda, deux personnes qui ont participé concrètement à la mise en place de la réforme éducative bolivienne née de la nouvelle constitution de l’État plurinational de Bolivie, nous avons pu questionner la dynamique, les enjeux et la réalité concrète de cette page importante de la politique éducative décoloniale, menée à l’échelle d'un pays composé de nombreuses nations (une nation, une langue). C’est une des occasions de laisser se mettre en place le dialogue entre nos amies boliviennes (et colombiennes) et la petite bande de la Coopérative d’écriture, après plusieurs séances de discussions organisées entre autres avec Jhon Castillo, Gloria Ruiz Arrieta et Adriana Parra (ici, ici, ici et ici).

  • Éduquer, soigner, gouverner, trois métiers impossibles ? La pédagogie institutionnelle et les pratiques institutionnelles, des réponses possibles : le titre de ce colloque, tenu à Tours le 26 novembre 2021, dit tout. Sauf ce qu’allaient dire les gens qui, ensuite, ont pris la parole, une parole précieuse, généreuse et éprouvée. Parmi ces voix, je me suis senti autorisé à partager deux personnes qui me sont chères : Frédérique Lerbet-Serini, chercheuse en sciences de l’éducation et collègue d’Experice, et Pierre Delion, pédopsychiatre déjà présent sur ce site.
    On pourra également entendre une troisième voix amie, celle d'Anne-Virginie Brotons, co-fondatrice et porteuse passionnée de ce beau projet qu’est Coopérer pour l’Autre Lycée, dont il faut saluer toutes les personnes qui l’inventent au jour le jour, l’ouvrent à d’autres savoirs et savoir-faire que les leurs, y accueillent des gens heureux de cela (dont moi). Des gens qui ne visent pas à créer un lycée coopératif et tenant compte du désir du jeune, qui n’attendent pas la révolution pour être révolutionnaires (à usage interne, c’est le plus rare, et le plus salubre), et qui se jettent ensemble dans la coopération et l’épreuve du désir articulé en expérience. Ce faisant, ils font vivre ce lycée qui n’est pas encore dans le chemin qui y mènera peut-être, mais qui, et cela est un acte réel, en aura fait exister l’âme. Cela s’appelle ouvrir du possible, et rien n’est plus concret et gonflé que cela.
    En guise d’âme, et de présence réelle, ces quelques lignes accueillent ici le nom cher d’Alain Monnot, un autre qui compta beaucoup pour l’existence de cette aventure qui vogue aujourd’hui en son absence.
    2021.11.26. Tours, Trois métiers impossibles, 1. Frédérique Lerbet. Transmettre et chercher sous le jour de l’anthropocène. Attention, tendez l’oreille ! Veuillez excuser la première demi-heure, que je n’ai pu toiletter. Anne-Virginie présente Frédérique à 35’38, et Fred prend la parole à 38’19.
    2021.11.26. Tours, Trois métiers impossibles, 2. Pierre Delion (et un peu ma pomme). Faire accueil, portance, résistance : conditions psychiques d’une politique de la folie

  • 2021.12.13. METLV, H&M. Lhéritier, Baccou & al. Monographie, pédagogie, parole, analyse et maîtrise
    Vous pouvez bientôt lire le contenu de nos échanges écrits, très fertiles.
    Cette séance quelque peu exceptionnelle, a été organisée au pied levé. C’est une des belles preuves que quand le hasard se présente, il ne faut pas le laisser passer. Aline Bourgeais a proposé vendredi soir, dans le cadre du séminaire Apprendre et s’éduquer hors et aux marges de l’école, que nous parlions de monographie (cf. visioconférence du 10 décembre) ; la veille, nous concluions notre journée de travail autour de la recherche et de l’écriture sur l’annonce d’une rencontre bienvenue entre les boîtes à outils des Fabriques de sociologie et de la pédagogie institutionnelle, dont la monographie (cf. visioconférence du 9 décembre). Ce soir, c’est presque la première fois, en un sens, que j’emmène dans l’aire de nos séminaires mes amies de pédagogie institutionnelle, en la personne de Corina Lhéritier et Patrici Baccou, tous deux par ailleurs enseignants dans les Calandretas occitanes et paissels ajudaires à Aprene, transmetteurs de cette pédagogie trilingue (la langue du bilinguisme, la langue de la pédagogie institutionnelle, la langue du sujet…). On peut lire, parmi bien d’autres de leurs écrits, deux « textes libres à l’université » : La Monographie d’écolier, un langage pour la pédagogie institutionnelle et Sortir de la classa. De la classa passejada de Célestin Freinet a la formacion pedagogica cooperativa dels mèstres de las Calandretas.
    Par ailleurs, il a été fait référence à des monographies, à lire. Vous pouvez aller lire déjà celles de Champ PI (cf. également la vidéo du 11 janvier 2020, ici ou ici). Sur le site du séminaire « Hors et Marges », dans la partie des praxis pédagogiques de la Bibliothèque de travail, vous avez accès à « Luigi et Ahmed ». Il a été fait référence à la monographie comme art de lire. Tous les livres de pédagogie institutionnelle, ou la plupart, ainsi que la revue Écho-PI, et la revue Institutions, sont constituées de monographies. À ce sujet, Corina a renvoyé à deux ouvrages de René Laffitte : Une Journée dans une classe coopérative et Essais de pédagogie institutionnelle), et dans ce dernier tout particulièrement « Les sarcasmes de Fernand Oury. Un héritage d’instituteur » (bientôt republié dans Épistémologie et éthique, numéro spécial de L’Année de la recherche en sciences de l’éducation).
    Enfin, je signale l’ouvrage d’Arnaud Dubois, Histoires de la pédagogie institutionnelle : les monographies. Et aussi, après tout, « Luigi et ses contemporains », p.21-72 (traduction française de « Luigi e i suoi contemporanei. La classe cooperativa ambiente di linguaggio e di coraggio. Alcuni fondamenti antropologici e semiotici della Pedagogia Istituzionale » in Giuliana Santarelli, Pedagogia istituzionale. Dalle origine all’attualità, Bologna, Bolonia Universty Press, 2021, p.137-224) — et surtout p.44-65 pour ce qui est d’une libre lecture de cette plus belle monographie de Fernand Oury qu'est « Luigi et Ahmed », et de ce que peut être la monographie. Également, je renvoie à « Le peuple libre des praticiens. Conseil de coopérative, monographie d’écolier, deux emblèmes de la maîtrise pédagogique » (Pédagogie et Langage, p.35-43, ou ici, p.105sq, ou encore sous forme de conférence, ici ou ici).

  • 2021.03.11. Coopérative d'écriture. Aviles, Dobui. Praxis linguiste, sociolinguistique, anthropologie, politique
    Lors de la réunion de notre groupe dans le cadre de la « coopérative d’écriture », nous avons eu le plaisir d’accueillir Bien Dobui et Karla Avilés, deux amies, sociolinguiste et anthropologue, qui nous ont parlé de leur travail de recherche et d’engagement, où politique, éthique et épistémologie ont des initiales et des horizons communs. Toutes deux sont, dans cette rencontre, des ambassadrices d’une atmosphère bien particulière, celle de ce que j’aimerais appeler une véritable école linguistique, celle à l'origine de laquelle se trouve Jean-Léo Léonard, notre ami dont les écrits en typologie et modélisation de la complexité des langues sont l’une des références majeures, bien que discrète, dans le champ linguistique contemporain, mais dont, aussi, les travaux en actes représentent une voie importante pour défendre une véritable rencontre entre la recherche et les êtres avec qui, et non pas sur qui, essayer un savoir.
    Lors de cet entretien, trois sites sont évoqués : le site labex-efl où se trouvent les talleres pedagogicos, ou ateliers pédagogiques où se fomente un savoir et sa transmission ; le site de l’association Endangered Languages Alliance ; et enfin, le site de l'association Dulala.
  • 2021.02.04. Paouri, Zacharopoulou. Athènes, confinement, classe primaire et théâtre. Pédagogie institutionnelle, loi, culture et sens dune classe hors des murs
    Katerina Paouri et Maria Zacharoupoulou sont deux amies enseignant à Athènes. Elles sont membres de Skasiarxeio, le mouvement grec de pédagogie Freinet. L’une dans une classe primaire, l’autre dans son enseignement du théâtre, elles mettent en place, à l’école Maraslio, les techniques et les dispositifs de pédagogie institutionnelle. Katerina et Maria ont été les premières collègues grecques à avoir visité les Calandretas, écoles occitanes bilingues immersives et pratiquant les pédagogies coopératives (institutionnelle et Freinet). En particulier, elles se sont rendues dans les classes de Xavi Ferré de la Calandreta Los Falabreguièrs à Béziers, et d’Isabèu Vergnes de la Calandreta Paulina, à Pau, et ont été accueillies par l’équipe d'Aprene, centre supérieur de formation occitan (et surtout par Patrici Baccou, par ailleurs membre du groupe de pédagogie institutionnelle Champ PI). Depuis plusieurs années, avec quelques autres collègues grecques et occitanes, nous nous accompagnons mutuellement dans nos questionnements, nos pratiques, nos élaborations. Nous partageons les références communes à Freinet, à la constellation de la pédagogie institutionnelle, à la psychanalyse, au langage (dont la sémiotique — cf. Aux bords de la clinique) et à l’art (la tragédie grecques, les arts plastiques, etc.). Leur traversée de la crise sanitaire est entre autres l’occasion, extra-ordinaire, de questionner l’ordinaire d’une classe coopérative, de ce qui fait l’efficacité de sa fonction pédagogique, fonction d’accueil de la singularité du sujet, de la portance faite à chaque être, enfant comme adulte, dans son existence et son travail (de vivre, grandir, apprendre, s’ouvrir au monde). Je les remercie de ce qu’elles nous livrent de leur praxis, et qui par ailleurs fait écho aux propositions que j’ai faites pour tenter de comprendre ce qui avait pu aider, dans l’éthique coopérative, à renforcer la résistance subjective à cette épreuve massive, totale, d’une crise qui va bien au-delà du sanitaire. Ces propositions, j’ai tenté de les énoncer dans un article co-signé avec mon ami Olivier Francomme, de l’Icem, dans « L’école au temps du corona », paru au printemps dans Recherches et Éducations (revue pour laquelle nous préparons un numéro centré sur la notion de « résilience coopérative »). Ces propositions, je les dois à mon dialogue au fur et à mesure de cette année 2020, grâce à mes « copines dans leurs classes », mais aussi à ce que nous avons tenté de bricoler avec l’ensemble des collègues masterantes et doctorantes, dans notre « Scoop », séminaire coopératif multiforme, bricolage toujours en cours. De quoi donner à nos discussions, dont celle de ce soir avec Katerina et Maria, toute sa dimension précaire d’essai, de traversée d’une expérience et de sa mise en mots communs : tenter d’inscrire, pour les partager, les traces de nos propositions ici hasardées dans la confiance d’un dialogue, au plus près de ce « tâtonnement expérimental » — ou quand Freinet et Montaigne font bon ménage…
    (N.B. On peut aller également écouter, dans la partie du Séminaire collectifici, notre collègue Laurent Vallier, enseignant occitan, parler de la période du premier confinement)
  • 2020 11 17 Gatou 17 novembre en Grèce, radis et confinement, Pisa vs coopération, logique générale, ceintures
    Avec Evi Gatou, nous réfléchissons, dans nos perspectives propres, à la question de la légitimité de Pisa dans le champ de la doxa éducative, et tout particulièrement au regard de la logique des praxis pédagogiques coopératives et émancipatrices.
  • 2020 05 02 Scoop Androusou, Accueil éducatif de l'autre en Grèce, minorités musulmanes, migrants
    Alexandra Androusou enseigne la psychologie de l’éducation à l’Université d’Athènes. Elle revient sur son parcours d’existence, celui de son pays aussi, ainsi que son travail avec les minorités religieuses et nationales dans le nord de la Grèce, ainsi qu’avec les migrants. L’une des personnes qui, en Grèce, sauve un peu de l’âme, pourtant ruinée, de notre continent. On peut également aller voir la reprise de cette présentation, faite avec les membres du séminaire « Séminaire coopératif », lors de notre séance du 16 mai 2020.






















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