Propositions

Tran, Laffitte. LF, 2. Plan, tableaux. Mots, fonctions du nom, orthographe.pdf

Voici quelques interventions, qui n’engagent que moi… Je remercie les personnes, souvent amies, qui m’y ont invité.

Habiter la langue française en mécano et en chemineau

Voici une proposition, d'où sa situation sur cette page, pour tenter de regarder ce qui constitue la langue française dans sa matière et son organisation. De quoi ne plus craindre son écriture, son code, et donc s'emparer de la liberté qu'offre toute langue, dès lors qu'on accepte de se soumettre à sa loi. Se soumettre à la loi d'un langage (la langue est un langage parmi d'autres) n'a rien à voir avec la soumission à quelqu'un, à quelque groupe: c'est ce soumettre à la loi d'une réalité, celle que l'on a décidé d'investir, pour suffisamment s'y acclimater (un climat, ça ne se discute pas), mais aussi la subvertir (une loi, ça s'approprie et ça se cabosse: cela s'appelle bâtir sa parole propre). Accepter qu'une loi me fasse la loi, pour que personne ne me la fasse, hormis le chemin que j'envisage de tracer "en mon nom propre" - car le nom, pour exister singulièrement, a besoin avant tout d'accepter la loi générale d'une langue. D'aucuns appellent cela la castration symbolique...

Le langage existe si on le met en mouvement, en vie. Je prends l'image d'une voiture (de préférence une gimbarde, une 4L verte vieille comme mon enfance, surtout pas ces chefs-d'oeuvre d'ingénierie totalement parfaits jusqu'à ce qu'un beugue électronique les laisse intégralement sans vie, hors d'atteinte d'un bricolage tâtonnant possible). Cette voiture, si l'on veut la conduire dans les chemins les plus libres, les moins autoroutiers, il faut connaître parfaitement sa mécanique et ses usages. C'est un cours de mécanique que je propose ici, avec ma boîte à outils (vieillie, peut-être comme tout bon outillage pâtiné par la main de qui veut seulement passer ses outils, et non pas form(at)er).
Mettre les mains dans le cambouis du moteur, d'abord. Pour y faire avant tout un inventaire des pièces: quel est le matériau de la langue, quels sont les mots (ou syntagmes), et les groupes de mots qui forment le lexique?
Ensuite, comment marche le moteur: entre groupes de mots, à l'intérieur de la phrase, quel est le fonctionnement qui permet à la voiture d'avancer correctement, c'est-à-dire qui évite au moteur d'imploser, ou à la conductrice de finir dans le décor? Cela prend le nom de syntaxe.
Au sortir de ce petit aperçu de mécano, un petit guide d'usage (cela s'appelle l'orthographe): comment repérer les pannes, comment "classer ses erreurs", piger ce qui peut ne pas marcher, gripper?
Et surtout, comment y remédier soi-même, quand on se trouve seule dans la cambrouse, qu'on a un peu trop poussé sa bagnole, parce que l'on n'a pas eu peur de pousser sa liberté jusqu'à ces points nullement prévus sur la carte, et qui légitiment d'oser "la solitude heureuse du voyageur" (Raymond Depardon)? J'espère que ces "cours de langue française" seront le premier pas, fastidieux sans doute, mais plus à faire ensuite, qui donneront à chacune des praticiennes de notre petit garage de campagne la boîte à outils de base pour pouvoir s'autoriser à partir conduire où son désir l'appellera.
Car enfin, l'ouverture infini du monde qu'il s'agit d'habiter, de cabosser, de former et transformer par l'esthétique première qui nous est donnée, à tout petit parlêtre: habiter le monde par la langue. La décision en faveur de cet infini, le sens que peut prendre le courage d'oser l'accueillir au coeur de notre parole et de notre existence, n'appartient qu'à chacune. En revanche, savoir que l'on peut revenir quand on veut au garage faire réviser notre engin, demander aux copines mécanos ce qu'elles pensent de l'état de marche du moteur, voir ce qui grippe et ce qui dissonne, c'est cela, la confiance en un groupe.
Les usages de la langue, ce ne sont pas forcément l'application des règles: c'est déployer sa pleine liberté subjective avec l'appui de cet outil structurant, à la loi symbolique de laquelle on a accepté de s'assujettir, à elle plutôt qu'à quelqu'un, ou qu'à quelque caste, ou quelque doxa. La langue peut facilement enrégimenter, il paraîtrait même que toute langue est fasciste (Barthes): elle est la seule rigueur indiscutable que j'aie jamais tolérée dans mon existence, pour cette bonne raison que par elle, j'ai pu librement tresser mon désir et mon angoisse en une parole. La langue française est la seule nationalité, la seule qualité d'appartenance à une nation, que ma complexion foutraque et libertaire puisse supporter sans en crever ou renoncer.

Voici quelques documents à partir desquels nous allons travailler. Je les dois, dans mon acclimatation à la langue française (la seule véritable appartenance nationale que je me reconnaisse), à l'amitié de Trung Tran, compagnon d'étude:

  • Une vision d'ensemble sous forme de carte heuristique;
  • Un vademecum contenant le texte du cours, avec tableaux et exercices que je dois, eux, aux futures enseignantes passées par l'IUFM puis Espé de Beauvais, que je remercie;
  • Le document récapitulatif du cours sur les parties du discours, des tableaux récapitulatif et surtout une grille d'auto-correction orthographique inspirée de Nina Catach.

Les trois documents sont accessibles dans un dossier créé dans le draïve de la coopérative.

Interventions personnelles